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Etablie sur la colline de Brouette, l’un des paliers de la ville de Jérémie, construite en amphithéâtre, l’École Supérieure Catholique de Droit de Jérémie (ESCDROJ) aura bientôt 20 ans. Fondée en octobre 1995 par Mgr Willy Romélus, ancien évêque de Jérémie à l’initiative de son Chancelier d’alors, le Révérend Père Jomanas Eustache, actuel Doyen de cette institution catholique, l’ESCDROJ a formé des générations d’hommes et de femmes juristes, dont certains offrent leurs services et compétences autant à l’intérieur que hors des frontières haïtiennes. Pour manifester une certaine reconnaissance envers l’institution et dans le souci de pérenniser l’œuvre, chaque génération d’étudiants s’est efforcée d’y apporter sa pierre.

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La dernière promotion en date, la 15ème, compte, elle, apporter plus qu’une pierre. Au constat du projet en cours d’exécution, le doute n’est plus possible. En effet, cette promotion a entrepris de doter l’ESCDROJ d’une construction qui sera réservée à une bibliothèque multimédia.

Ces étudiants ont su communiquer leur enthousiasme à toute la communauté escdrojienne et même au-delà. Certes, leur dynamisme en vue de l’achèvement de l’édifice n’est pas en reste. En effet, comme toute œuvre humaine, des difficultés jalonnent le chemin du rêve à sa concrétisation. Pour plus de lumière sur la genèse de ce projet, nous avons rencontré la présidente de la 15ème promotion, Me Anovil Marie Liphète. Architecte elle-même et mariée à un ingénieur, il est à peu près sûr que la bibliothèque en construction bénéficiera de son regard d’expert.

Yvon Janvier : Me Anovil, d’où vous est venue l’idée de doter l’ESCDROJ d’une bibliothèque?

Anovil Marie Liphète : Ce projet est le résultat de maintes réflexions sur la problématique de la documentation pour les travaux de recherches, tant pour les étudiants au niveau de la 2ѐme année, lorsqu’ils ont à préparer leurs pré-mémoires,- vous savez, c’est une exigence de l’ESCDROJ !- que pour les étudiants finissants dans le cadre de leurs travaux pour la préparation d’un mémoire de sortie en vue de l’obtention de la licence.

Face à ce problème, et surtout pour marquer les vingt ans de la création de l’ESCDROJ, en ma triple qualité d’architecte, d’étudiante en la dite institution et présidente de ma promotion, j’ai eu l’idée, partagée par mes camarades de promotion, de laisser une bibliothèque qui sera profitable non seulement à la communauté Escdrojienne, mais à la communauté intellectuelle en général.

YJ: Comment l’idée a-t-elle été accueillie à l’ESCDROJ?

AML : La première fois que nous avons lancé l’idée du projet, ce fut lors de la cérémonie d’ouverture accueillant la nouvelle promotion, soit le 6 octobre 2014 dernier. Nous avons été ravis, au niveau du comité, de voir anciens et nouveaux étudiants applaudir avec enthousiasme à l’annonce du projet. Une façon pour dire que l’accueil a été grandement positif, au-delà de nos espérances.

YJ : L’ESCDROJ dispose-t-elle d’un fond pour initier un tel projet ? Sinon qu’est-ce qui a été fait pour commencer avec les travaux ?

AML : Nous nous sommes réunis en comité et nous avons proposé au décanat de nous procurer un certain montant, ce qui a été fait. Ensuite, nous avons distribué des lettres pour solliciter de la communauté, notamment des acteurs intéressés au développement par l’éducation continue, son appui financier ou sous une autre forme. Malheureusement, nous ne pouvons pas nous réjouir d’avoir obtenu grand résultat jusqu’à présent.

Loin de nous limiter à cela, nous avons pris contact avec des personnes ressources qui se sont montrées, une fois touchées de la question, disposées à nous apporter leur savoir-faire. Le respect de ces engagements nous a beaucoup aidés.

YJ : Vous avez entrepris d’autres initiatives à ce que je sache ?

AML : Certainement. Nous avons fait confectionner des T-shirts portant l’emblème de l’ESCDROJ. Le bénéfice de la vente de ces maillots va directement à la construction. Par ailleurs, dans la même ligne d’idée, nous avons facilité à un ami la vente d’un de ses ouvrages de droit. Il nous a gratifiés d’une commission destinée également à la construction.

Nous entrevoyons, dans l’idée recueillir des fonds additionnels, de réaliser des activités culturelles, ici à l’ESCDROJ, tout au long de l’année.

YJ : Maintenant Maître Anovil, parlez-nous des difficultés auxquelles vous avez fait face, en fait le comité, qui auraient pu empêcher la réalisation de votre projet.

AML : La volonté pour aller jusqu’au bout de cette aventure est manifeste, nous avons fait l’expérience depuis la pose des premiers blocs. Si nous avançons un peu lentement, c’est en raison de nos ressources financières limitées.

YJ : Par rapport à la pose de la première pierre, vous en êtes où à présent ?

AML : Nous avons commencé le 1er novembre. Nous avons l’opportunité de travailler chaque samedi et les jours fériés. En termes de travaux déjà effectués, nous avons l’élévation et nous sommes maintenant en phase de crépissage et d’enduisage des murs.

Evidemment, nous sommes conscients qu’il nous reste encore beaucoup à faire, l’essentiel, nous avions un projet en tête et nous avons osé l’initier en amenant toute la communauté à s’en approprier pour le convertir graduellement en une réalité concrète. Ce qui nous amène à penser avec foi que cette œuvre commencée, se réalisera au-delà de nos espérances ! Les amis qui nous suivent de toutes parts sont donc invités à contribuer.

 

Propos recueillis par Yvon Janvier

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